KapitaineFlake

Les Chroniques du Kapitaine Flake

Mercredi 31 octobre 2012 à 16:47


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Une critique très consensuelle d'un livre qui n'en demandait peut-être pas tant.


Donc hier, je me suis dis "je vais faire une pause dans mon travail scolaire" parce que d'abord je l'ai en partie terminé, ensuite j'en ai envie et enfin je vous emmerde. Mais comme je demeure quand même un peu de ce genre de filles qui n'aiment pas la télé, qui désapprouvent la perte de temps absurde et qui est un petit peu curieuse de ce qui se passe autour d'elle, je me suis dis "je vais lire un livre à la mode" (retiens bien cette phrase).
Surtout que, bon, la fille que je suis est une future vieille fille qui vit encore chez ses parents avec son chat. (OUAIS).
Donc, hier matin, je prends la tuture, direction la fnac. Les livres à la mode en ce moment, un thriller, une prise de tête japonaise et... ôh... un livre avec une cravate grise en soie dessus !!!  Comme je me suis accordée qu'un seul jour de flemme, je l'ai pris en version française, tant pis pour la version originale que je lirai si j'ai le temps après coup et si ça ma beaucoup plu.
Je rentre chez moi avec le bébé en main, je l'ouvre et ...

BORDEL C'EST A PEU PRES AUSSI MAL ECRIS QUE TWILIGHT !
Sont fous, anglophones, vraiment trop fous, incroyablement fous-fous. (Et encore, il parait qu'il est sorti en allemand. Mais si je l'avais pris en allemand comme il m'arrive de le faire, la sado maso, ç'aurait été moins l'héroïne que moi-même).
Mal écris, plein de clichés, une débauche de surrenchère vaine et inutile. Je jure qu'avant d'ouvrir ce livre 1) Je n'avais pas lu le résumé en entier 2) Je n'avais pas lu de passage du bouquin ni en anglais, ni en français et 3) je n'avais jamais écouté de critique sur l'oeuvre.
Et Dieu merci.

Parce que je veux pas me vanter, mais en général quand tu bouffes des bouquins à longueur d'années, il est très facile de diagnostiquer en vingt pages les critiques que les "intellectuels de Paris" ont pu pondre à son sujet, tout comme le commentaire de la voisine de ta mère qui l'a croisée au marché la semaine dernière, sans oublier les "gens très cultivés" qui parfois se servent du souvenir de deux dissertations de Terminale générale pour juger une pièce sans même rentrer en contact avec elle.
D'ailleurs, après ma lecture intégrale de l'oeuvre, je suis allée voir sur internet et en effet, j'ai trouvé ce que je redoutais d'y trouver, trois types de critiques :
-C'est de la merde. Mal écrite, vide, dénuée d'intérêt et complètement commerciale destinée à viser la bonne ménagère délaissée par son mari à cause de ces quinze kilos de trop.

-C'est génial, c'est un véritable kaléidoscope d'émotions, de sensualité, de sentiments...

-Le concept est sympa mais il faut juste trouver l'auteur pour le pendre par les intestins.

Et grosso modo, moi, je refuse de trancher.
(Mais je vais t'expliquer pourquoi).
D'abord parce que je pense qu'objectivement, même si la "masse" n'a pas toujours des goûts extraordinaires, je doute que cinquante millions de lectrices (du monde occidental et de la classe moyenne généralement) soient des incultes, à moitié illétrées et analphabètes mal-baisées. Mais je pense aussi que ça pèse pas lourd stylistiquement parlant.

Donc, le résumé en méga bref du bouquin :
Jeune étudiante en lettres rencontre pas trop vieux richissime P-D.G. Homme mystérieux, plein d'orgueil et de fierté, a priori il ne lui plaît pas. M'enfin voilà, quand elle se casse la gueule lamentablement dans son bureau et qu'elle atterri à quatre pattes face à lui, elle comprend que a priori elle, elle lui plaît bien.

Par concours de circonstances pas vraiment envisageables dans le monde réel, riche homme d'affaires dis à jeune co-conne "assieds toi sur ma bite et causons!". Jeune littéraire très enthousiasmée à cette idée répond "D'accord".
Mais, futur vieux riche expert en baise lui fais comprendre que "ça va faire mal".
Jeune étudiante littéraire hésite environ quinze pages (tout à fait inutiles et mélodramatiques) avant de répondre "D'accord, plus vite, merci pour le café".


Bon alors l'histoire pèse pas vraiment (EUPHEMISME) lourd.
Bien qu'on puisse relever l'utilisation très appréciables des préservatifs, ce qui en fait un chouette bouquin pour les adolescentes/adolescents en leur soulignant que "regarde bouffon, tu peux très bien être au bord de l'extase et faire fonctionner deux ou trois neurones".

Cela dit il y a vraiment un truc que j'ai beaucoup aimé dans ce récit, c'est la fluidité de la description des mouvements des corps. Et c'était pas parti pour être aisé. Déjà le point de vue est interne, il est celui de la jeune étudiante, donc tu te dis euh "Une fille de vingt et un comme ça, là, qui parle sans comprendre la moitié des choses, est-ce bien raisonnable?" finalement ça passe assez bien. Preuve que l'auteur, quand même, c'est pas tout à fait une boubouse.

Evidemment, il est impossible de s'identifier raisonnablement à la jeune fille de vingt et un an étudiante en lettres même si tu as toi-même vingt ans et que toi même, tu étudies les lettres. D'abord parce qu'elle est incroyablement conne, ensuite parce que c'est impossible, c'est tout, d'être aussi naïve tout en vivant dans le monde dans lequel on vit.
J'ai avalé les cinq cents pages du bouquin en une demie journée, c'est pas glorieux, c'est écris très gros, très espacé, le style est fluide. Si l'accumulation de clichés obscènes et lourdingues ne vous épaissit pas les cristallins, c'est très jouable et ça suffit amplement. Le livre ne mérite pas plus de temps, très objectivement.
Cela dit, on ne perd pas non plus une demie journée. Ca se laisse lire. Ca brûle pas les neurones, faut pas déconner.

Enfin, petite note à ceux qui disent "la littérature part en couilles" et me ressortent le traditionnel argument du "C'était mieux avant", j'aimerais qu'ils se repenchent attentivement sur les bouquins écris quelques siècles auparavant par le Marquis de Sade. Ou même certains passages très évocateurs de poèmes de Baudelaire, ou ne serait-ce que les allusions grivoises de certains auteurs du 18°siècle.
C'était mieux avant, si on a jamais lu de la "littérature des sens" antérieure au 20°s et qu'on considère hâtivement que "avant"="pudeur maximale et bienséance ++++".

En somme, ce bouquin ne fera pas date dans ma vie, et il sera certainement relégué dès la semaine prochaine au fin fond de ma bibliothèque mais notez bien que si un jeune trentenaire ultra méga cultivé, éventuellement pianiste, parlant plusieurs langues et intéressé par absolument tout ce qui se passe sur terre m'aborde pour me dire des gentillesses (et éventuellement m'en faire), personnellement, je suis Ok... au moins pour un café, quoi.


Sur ce, lecteur, je te laisse, je retourne à mes amants maudits du dix-septième siècle en te "serrant chaleureusement la main".
@KapitaineFlake (future vieille fille avec son chat).

Par Natroll le Jeudi 1er novembre 2012 à 16:40
Ah, comme ça me fait plaisir quelqu'un qui, enfin, attrape le prêt-à-penser par la peau des bourses (pour rester courtois).
Ces derniers temps, nous avons eu droit à une véritable propagande. Force est de constater, après lecture de ta critique, qu'elle est du même acabit que la propagande pro-Marc Lévy : du vent pour beaucoup de vide.

Il m'a fallu prendre un main un ouvrage (pris au hasard) pour me rendre compte du manque absolu de style de cet homme. Et donc, tu me rassures, 50 nuances de rien du tout n'a pour lui que le côté "Viens que je te baise"... et ça marche. On en parle, on le vend. C'est frais, c'est tapageur, ça surprend et ça remplit le creux entre une brève sur le futur incertain des gars d'Arcelor Mittal et le reportage sur l'élevage de chèvres dans le Larzac.
Par kapitaineflake le Jeudi 1er novembre 2012 à 23:40
Crois tu qu'il faille passer sous silence un livre sous prétexte qu'il divertit les gens? Crois-tu qu'on n'ouvre un bouquin que pour élever son esprit très hautement en faisant des discriminations de degré de la culture arbitrairement?
Non parce que si c'est ce que tu crois, franchement, ta bibliothèque doit être l'endroit le plus lugubre de la planète.
Par Latrodectus le Vendredi 2 novembre 2012 à 12:24
Et ainsi, après des temps que je croyais proscrits, des temps de déperdition, tu me prouves, toi, Ô grande prêtresse que mes pires craintes, que le sombre déclin du ciel arrivant à son apogée, s'avèrent véridiques.

Depuis trop longtemps nous avons droit dans l'univers littéraire à une sorte de "politisation" où l'un doit vivre et l'autre doit mourir, où l'éclat s'éteint devant le tertre immaculé de la déchéance, où l'immaculée conception de l'esprit d'un divin scribe passe en arrière du reliquat acerbe d'une ombre prolixe.

Et ici, que dire . . .

Ainsi a l'instar d'Edouard, Erika, Bonnie, Franklin ou Sandy en leur temps et heure, tu brasses beaucoup d'air, atteignant les Forces 5 ou 6.

Comme Musso ou Lévy, dont l'engouement des gens m'est incompréhensible et qui pour moi ont une écriture proche de celle d'un enfant de 8 ans, il n'y a ni coeur, ni corps, ni esprit, en bref, le néant intersidéral.

On prend un sujet qui autant que faire se peut tache dans la toile du quotidien, on brode un peu autour, telle la ménagère recousant le bouton du pantalon de son petit Tommy pendant qu'il prend le goûter, et voilà, on a un best-seller abrutissant, sans âme, juste une part de Marché.



Mais cessons de tergiverser et revenons-en à l'essentiel, la critique.

"une prise de tête japonaise" 1Q84 peut-être?
Qu'importe, les littératures japonaises à l'honneur en France actuellement sont toutes des diamants au milieu de cet océan de gravats, des perles de culture et de critique implicite.


Cette critique sonne aussi creux à mes oreilles que l'intérieur d'un vieux bâtiment industriel désaffecté, est aussi plate que le dernier album de Jennifer.


Pour répondre à ton commentaire précédent, le but premier de la lecture "générale" est de divertir les gens mais aussi de les inviter à réfléchir sur divers sujets, il n'est plus ensuite de son ressort de les cultiver, c'est plutôt l’œuvre de l'essai philosophique, de l'article philosophique et philologique.

TU parles de sa bibliothèque avec une condescendance abhorrante. Il ne fait pas là preuve de rejet à l'égard de la lecture divertissante, mais de certains auteurs, incluant donc dans l'univers de ses lectures (et ceci implicitement) les lectures divertissantes que peuvent être Stephen King ou encore Amélie Nothomb (qui sont 2 auteurs magnifiques) et pas Seulement Kant, Montaigne, Rousseau ou Voltaire.

Ensuite, si pour toi une bibliothèque ou l'on ne trouve que des livres ayant pour voie de cultiver est terne ou lugubre, je te répondrai que c'est principalement la composition de la bibliothèque des pros de philo et que c'est pour moi bien plus intéressant qu'une emplie de boue culturelle.




P.S: au passage, pour une étudiante en lettre, les fautes présentes piquent les yeux, ça la fout mal.
Par kapitaineflake le Vendredi 2 novembre 2012 à 17:45
Oui j'ai vu les fautes après coup, je vais corriger ça. Merci pour avoir pris le temps de commenter en tout cas. Bon et pour ce qui est de la discrimination des niveaux de culture, je suis désolée mais pour l'instant je reste dans l'idée que la dévaluation d'un "type" de lecture par rapport à un autre naît du fait qu'on attend pareil d'une grand oeuvre que d'un roman de supermarché.

Et puis je suis désolée mais oui, les romans japonais comme 1Q84 sont des diamants, mais je trouve ça vraiment pas aisé à lire un jour où on a juste pas envie de penser. J'ai pas écris le premier paragraphe parce que ça me démageait, j'ai bien posé le contexte, j'ai écris une critique d'un livre qu'on lit quand on a surtout pas envie de se tordre le neurone.

Quant à ma condescendance sur sa bibliothèque ça me fait doucement rire parce que vos commentaires eux, n'ont pas du tout l'air condescendants à l'égards d'auteurs tels que Lévy, Musso, et les autres. Non, franchement, pas du tout.

L'éclectisme n'est pas INCONCEVABLE à ce point en littérature, si?
En tout cas, j'espère vous revoir sur mon blog pour d'autres commentaires et discussions et autres.

Bises !
 

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